Françoiz Breut portrait & interview

le Remix ,

SONY DSC

Françoiz Breut est une de ces voix douces et mutines qui marque la chanson française contemporaine. Sa carrière se déroule désormais sur plus de vingt ans, divisée en trois ou quatre périodes, différentes dans l’écriture de ses chansons. Tout commence donc à Cherbourg où elle naît en 1969 et grandit. Elle est ensuite une étudiante des Beaux-Arts inscrite à l’école de Caen puis de Dunkerque. Elle entame alors une carrière d’artiste qu’elle continuera toujours en parallèle de sa carrière de chanteuse, concevant notamment des livres-objets, et illustrant de nombreux livres et pochettes d’albums.

 

Le Twenty Two Bar (1994)

C’est son arrivée à l’école des Beaux-arts de Nantes en 1994 qui va constituer un tournant. Elle y côtoie plusieurs musiciens qui vont marquer une nouvelle scène appelée « Nouvelle chanson française ». Parmi eux un certain Philippe Katherine, mais aussi d’autres moins connus mais très talentueux comme Mendelson ou le groupe Pério. Avec ce dernier elle monte un premier groupe Squad Femelle. Mais la rencontre majeure de cette époque c’est bien sûr Dominique A qui devient son compagnon et l’incite à chanter. Elle fait d’abord des apparitions dans les premiers albums de Dominique A, culminant avec le succès du Twenty-Two Bar, qui paradoxalement restera sans doute sa chanson la plus populaire. Puis le chanteur lui écrit son premier album, éponyme, à la musique minimaliste mais où percent déjà son goût des petites histoires simples, et le charme de sa voix. Il obtient un succès d’estime, mais lui permet de se faire remarquer, jusqu’aux États-Unis par des tenants de la scène folk (Calexico, Giant Sand, Herman Düne…).

Ma colère (1997)

Séparé de son compagnon, installée à Bruxelles, Françoiz Breut va conserver ce goût de la chanson, et sortir à l’automne 2000 un deuxième album, Vingt à trente mille jours. Si Dominique A est toujours un peu présent, c’est à une véritable kyrielle de talents que la chanteuse a fait appel pour écrire les paroles et la musique : Jérôme Minière, Philippe Katerine, Philippe Poirier de Kat Onoma, Pierre Bondu, entre autres, lui ouvragent un album très réussi qui la révèle un peu plus au grand public. De la même façon, avec une équipe encore enrichie (notamment Joey Burns de Calexico), elle sort 5 ans plus tard son troisième album, Une saison volée.

Km 83 (2005)

Changement de manière de faire, trois ans plus tard, pour son bien nommé À l’aveuglette. Françoiz Breut plonge dans le grand bain et décide désormais d’écrire ses propres textes. Deux acolytes, Boris Gronemberger et Luc Rambo, viennent l’aider pour la musique. C’est donc un disque plus personnel, plus ambitieux aussi, où sa voix est magnifiée comme jamais. C’est de la même manière qu’est créée La Chirurgie des sentiments en 2012. Sauf que cette fois c’est le guitariste Stéphane Daubersy, issu du groupe pop Miele, qui se charge de la musique. Le duo remet le couvert pour le sixième album Zoo, sorti en mars dernier, produit par Adrian Utley du groupe Portishead.

Werewolf (2012)

C’est donc une carrière originale que mène Françoiz Breut, combinant exigence et simplicité, et offrant toujours à l’écoute cette voix magique. Les spectateurs venus à la bibliothèque de Saint-Macaire-en-Mauges (Commune de Sèvremoine) le 22 avril dernier l’on bien apprécié. Une rencontre qui a aussi été pour nous l’occasion de tenir l’interview ci-dessous.

 

 

Interview de Françoiz Breut et Stéphane Daubersy réalisée par Matthieu et Claire

SONY DSC

Matthieu : Commençons par expliquer ta présence ce soir. Comment as-tu accepté de rejoindre l’écurie 45 Tours, organisatrice de ces rencontres musicales en bibliothèque. Qu’est ce qui t’intéresse dans ce type de projet ?

Françoiz Breut : Moi ce qui m’intéresse c’est la proximité avec les gens. Je préfère faire des concerts dans des endroits plus intimistes. On fait des morceaux où il n’y’a pas que des choses très minimales, ça peut convenir à de plus grosses scènes, pas en duo évidemment, mais voilà moi j’aime bien ce principe de pouvoir rencontrer les gens facilement. Même si maintenant dans les concerts aussi, tu peux rencontrer les gens assez facilement, il suffit que tu ailles dans le public après le concert.

Matthieu : 45 Tour tu l’as connu par hasard, c’est eux qui t’ont démarché ?

Françoiz Breut : J’essaie de me souvenir comment on s’est croisé, comment s’est fait la rencontre. Je ne sais plus du tout comment ça s’est passé. C’est en fait il avait un label de 45 Tour… Je n’arrive plus à me souvenir…  mais en tout cas, comme moi je fais aussi des expos, parfois dans les médiathèques, avec les concerts plus l’expo, il était intéressé par…

Stéphane Daubersy : C’est lui qui t’a contacté oui

Françoiz Breut : Oui, on s’est rencontré pour la première fois à Lorient enfin à Vannes. Je crois qu’il voulait un moment éditer un bouquin, puis ça ne s’est pas fait mais voilà, il y a cinq ans, ça s’est fait cette rencontre.

Claire : L’expo c’était sur tes illustrations ? Sur ton travail illustratif ?

Françoiz Breut : Oui en fait je fais des livres pour enfant. J’ai d’abord fait des illustrations avant de chanter. J’ai ensuite fait des expos autour du livre, du livre-objet. Ce n’est pas que des illustrations, ce qui m’intéressait c’est vraiment l’objet, pouvoir le mettre en valeur. Ce sont des maquettes,  ce sont des pièces uniques, qui sont mis dans des boîtes. Les gens peuvent les manipuler sans problèmes. Le problème du livre, du livre d’artiste, si on peut appeler ça un livre d’artiste, par ce que ce n’est pas tout à fait la même chose, en général, il est dans une vitrine, on ne peut pas le toucher, c’est assez délicat à exposer. L’intérêt d’un livre c’est de pouvoir le toucher. Voilà j’ai beaucoup travaillé là-dessus, et je continue.

Claire : Tu continues à conjuguer le travail de compositrice, chanteuse et illustratrice ?

Françoiz Breut :  oui, même si pour l’instant c’est plutôt des projets d’expo. Il y a des projets de livre en cours, mais comme il faut toujours démarcher auprès d’éditeurs, ça prend un temps fou. La musique finalement ça me prend aussi énormément de temps donc on ne pas tout faire.

Matthieu : D’ailleurs pour en rester sur livre et musique un peu, je trouvais que dans les dernières chansons de ton album, comme « Le Jardin d’Eden » ou « L’Arbre » il y avait beaucoup l’aspect conte qui ressortait, où on retrouve la fantaisie du conte. Est-ce ton travail d’illustratrice qui rejaillit un peu dans tes chansons. Est-ce que tout s’entremêle ?

Françoiz Breut :  Peut-être, en tout, ça m’évoque, j’ai beaucoup d’images quand je commence à écrire quelque chose, c’est un espèce de petit film qui se construit. Je ne sais pas si je m’inspire de cette façon mais les images fourmillent dans ma tête. Après ça m’arrive de les coucher sur papier une fois que la chanson est terminée. Ce qui me plait dans la musique et faire des chansons, c’est de raconter des histoires. Essayer de dérouler quelque chose qui peut paraître facile mais en général ce n’est pas tellement le jeu. J’essaie d’aller quelque part.

Matthieu : On peut évoquer maintenant votre manière de fonctionner, puisque depuis deux albums, tu écris avec, enfin tu crées même des chansons avec Stéphane, toi tu t’occupes plutôt de la partie texte et Stéphane la partie musique. Comme ça se passe ? Tu amènes tes textes ? Vous créez tout ensemble ? Est-ce une autre manière de faire ?

Françoiz Breut : Pour le premier ça a été vraiment bien fait comme ça. J’amenais mes textes presque terminés, et on retravaillait, on travaillait la musique. On partait de rythmes, de samples…

Matthieu : Et pour celui-ci ?

Stéphane Daubersy : C’est-à-dire que comme les textes sont écrits sans canevas musical, sans mélodie, il faut parfois les remodeler pour qu’ils conviennent à la musique. Françoiz arrive avec  des textes, de ça c’est le point de départ, généralement. Parfois la musique est le point de départ, mais c’est plus rare. Généralement le texte est le point de départ pour faire, comment dire, émerger quelque chose du néant.

Françoiz Breut : Oui parce qu’on va avoir quand même un thème, une idée pour ne pas que la musique parte complètement dans un… . Ainsi si c’est quelque chose de très joyeux, tout à coup on se rencontre qu’on est en train de faire une musique hyper sombre, ça va pas du tout quoi.

Stéphane Daubersy : Au contraire justement ça va très très bien, c’est un peu la ligne directrice du truc. C’est souvent le point de départ. Et puis la musique, on fait ça à deux, généralement c’est un ping pong.

Claire : est-ce que de ton côté des fois tu as des musiques dans ta tête comme Françoiz peut avoir ses textes.

Stéphane Daubersy : C’est ce qu’on a fait sur la chanson en allemand par exemple. Le texte est vraiment collé dessus, et c’est une musique qui n’est pas à la base prévue à la demande. Le collage des deux fonctionne très très bien, un truc de clavier. Mais pour répondre à ta question, pas réellement en fait, c’est plutôt généralement une réponse à ce que Françoiz aimerait avoir. Et ce que moi je peux donner. En fait c’est ça. C’est vrai que parfois tu ne sais pas non plus où tu veux aller, c’est assez fréquent. Donc ce qui se passe, on fonctionne beaucoup finalement par improvisation au départ. On cherche quelque chose, et puis à un moment donné on tient un petit truc, et ça colle avec les textes. J’arrive rarement avec des idées comme ça.

Matthieu : j’ai trouvé sur cet album que ta diction, ta façon de chanter, marquait beaucoup les rythmes. Que la musique justement accompagnait bien ce jeu de rythme,  qui rendait très pop l’album. C’est un travail de longue haleine pour arriver à un tel résultat ?

Françoiz Breut : Tu vois les cernes là (rires). Ce qui est vraiment très chouette avec Stéphane depuis qu’on travaille ensemble, c’est que moi je suis assez novice dans l’écriture puisque c’est mon troisième album. J’ai l’impression que c’est toujours nouveau et que j’en apprends tous les jours. Au début quand j’ai commencé à écrire j’étais plus sur le mode ne pas faire forcément des rimes, je ne faisais pas forcément attention aux rimes et au rythme, même si j’essayais quand même qu’il y ait une musicalité dans les mots, j’aime bien aussi les chanteurs qui travaillent sur la prose et qui utilisent ce mode-là. Voilà je ne pensais pas tellement à ça, et on a quand même réussi à faire des choses. Ça avait déjà commencé sur le premier disque qu’on a fait ensemble, mais là vraiment, Stéphane a insisté beaucoup, et finalement c’était assez dur et intéressant parce que trouver les mots qui collent à la musique, et faire sonner ce français qui n’est quand même pas facile à faire sonner, c’est quand même une langue un peu horrible.

Stéphane Daubersy :  Il y a des mots qui ne sonnent pas du tout, donc faut changer, c’est difficile, mais les circonstances changent.

Françoiz Breut : Lui il tapait avec sa règle, « non ça ne va pas, ce mot ça ne va pas », alors on cherchait on se tirait les cheveux, on s’arrachait les cheveux même, et donc c’était vraiment chouette quand on arrivait à trouver un mot qui sonnait.

Stéphane Daubersy : Ça c’est un truc que j’ai fait beaucoup. J’avais un autre  groupe qu’a eu moins de succès, et c’était un groupe très très pop, ce qui peut être amène certains trucs de Françoiz vers d’autres horizons. Je ne sais pas,  je m’avance peut-être

Matthieu : C’est Adrian Utley, qui a produit cet album, le guitariste de Portishead. Je me demandais comment on arrive à se faire produire par le guitariste de Portishead ?

Françoiz Breut : En fait il nous avait invités il y a quelques années à venir faire un concert. Il était curateur dans un festival près de Bristol. J’avais appris qu’il aimait beaucoup mes premiers disques. Je l’ai contacté par ce qu’on cherchait quelqu’un. Voilà ça c’est fait très simplement, il a réagi très très vite, donc c’était plutôt agréable de sentir cette motivation. Voilà c’est comme ça que cela s’est fait tout simplement. Les gens qu’on pense qu’on ne peut pas contacter, finalement, il suffit d’essayer.

Claire : Et il a apporté beaucoup à votre travail ?

Stéphane Daubersy :  Oui quand même, par ce que finalement on a été en Angleterre dans un studio, ils sont bien équipés. Et ils ont une culture du  son qui date de quelques décennies déjà.

Françoiz Breut :  Et c’est vraiment dans le son, par ce que nous au départ, c’était déjà très produit dans les maquettes.

Stéphane Daubersy :  Artistiquement c’est-à-dire que les idées musicales, d’arrangement, en gros, elles étaient toute là. Il a fallu juste tout réenregistrer là-bas. Et donc ils ont passé pas mal de temps à chipoter autour de pas mal de trucs mais qui sont importants dans le choix de telle grosse caisse sur la batterie, tel micro qui  nous parfois nous dépasse, même si on apprend beaucoup. Et puis au mixage, ils ont fait beaucoup aussi. Maintenant lui il a joué des trucs aussi sur l’album. On a fait ça en deux temps, on est allé là-bas et puis on est rentré. Entre les deux périodes il a joué des trucs qui sont vraiment bien.

Françoiz Breut :  Mais au départ on pensait aussi qu’en faisant appel à un producteur, qu’il allait peut-être transformer complètement les morceaux, on ne savait pas du tout. Chaque producteur travaille de manière différente. Et en fait lui comme il aimait beaucoup nos maquettes, il voulait garder quasiment presque tout. C’est vraiment un travail de fond. Il y a des choses qui sont parties mais finalement pas tant que ça.

Stéphane Daubersy :  Non pas tant que ça. Ça a été remanié de par les possibilités sonores, c’est ça le truc. Par ce que nous on a fait nos petites maquettes dans notre salon sur notre ordinateur

F : Pas dans un salon, c’était une cave

Stéphane Daubersy :  Une question qu’il nous posait déjà quand on l’a contacté, c’est qu’est-ce qu’on voulait en fait. Nous on ne savait pas trop répondre, on voulait juste faire un super album. Donc on est arrivé là-bas, je lui demandais « bah qu’est-ce que tu penses de ça », il me disait « Bah je sais pas, c’est votre musique les gars ». Ah bon OK. On s’attendait peut-être à un peu plus de …

Matthieu : D’interventionnisme ?

Stéphane Daubersy : Oui c’est ça de « Bon OK les gars, votre morceau, il est là, maintenant on va faire ça, ça, ça et puis ça ». Voilà ce n’était pas ça. Mais finalement quand tu regardes sur le long terme et le moyen terme, le résultat final, c’est un petit peu ça quoi.

Françoiz Breut : Sauf que nous on ne s’en rendait pas compte.

Stéphane Daubersy : Voilà on ne se rendait pas compte, ce n’était pas cash dès le départ.

Françoiz Breut : C’est vraiment au mix qu’on s’est rendu compte.

Stéphane Daubersy : Au mix ils ont fait évoluer la qualité énormément.

Françoiz Breut : On était là au mix, de A à Z. On pouvait vraiment dire au moment, ce qu’on aimait, ce qu’on n’aimait moins. Ça c’était super.

Stéphane Daubersy : Mais en tout cas c’était très intéressant du truc de culture. Ce sont des anglais, que ce soit la manière de vivre et tout, la manière de faire de la musique, d’enregistrer et tout. Il faisait très froid dans le studio, nous on est toujours en chemise, eux ils sont en tee-shirt, c’est bizarre, c’est très étrange.

Matthieu : Produit en Angleterre, avec une chanson en anglais dans l’album. Est-ce que c’est une piste que tu voudrais étendre sur un prochain album entièrement en anglais.

Françoiz Breut : Oh pourquoi pas oui oui. En fait j’ai commencé à écrire en anglais à la fin de l’écriture, j’en pouvais d’écrire en français. J’étais vraiment saturé. On a fait cette assez vite, c’est parti assez rapidement. Oui pourquoi pas après, j’aime bien c’est peut-être pour ouvrir plus d’horizons, je n’en sais rien.

Stéphane Daubersy : T’as toujours aimé un peu chanter en anglais. En italien, en espagnol, en anglais.

Françoiz Breut : J’aimerai bien faire une chanson en Arabe, j’ai une copine qui y tient. Déjà le morceau en allemand, ce n’est pas moi qui le dis, c’est une amie qui a traduit un texte. On voulait faire une chanson en allemand. Finalement, c’est une histoire de temps, en plus la chanson parle de ça. On n’a pas eu le temps de remanier la chanson. La voix de cette amie qu’elle avait enregistrée sur un IPhone surement était vraiment étrange. Elle avait un côté un peu robotique qui allait bien avec la musique, donc on s’est dit « Bien voilà, on la garde ».

Stéphane Daubersy : On a essayé, on a mis le truc pour voir, on a dit « Oh putain mais c’est super en fait »

Françoiz Breut : Voilà on l’a gardé. Mais oui pourquoi pas plus tard. Je ne sais pas. Pour l’instant j’ai toujours du mal à savoir. Même si cela fait déjà un moment que tout est enregistré, mais comme il y a les concerts après, les répétitions ça prend énormément de temps, j’ai vraiment du mal à savoir ce qui va suivre après tout ça.

 

 

Matthieu : Pour terminer sur tout autre chose. Je sais que tu as vécu dans l’Ouest de la France, à Nantes notamment. Alors nous sommes dans l’Ouest de la France, pas très très loin de Nantes. Est-ce que tu gardes quelques souvenirs, ou une image de cette vie passée ici, ces quelques années passées là.

Françoiz Breut :  Oui j’ai de très bons souvenirs. Je suis arrivée pour terminer mes études aux Beaux-arts de Nantes. Je n’y ai fait qu’une année. Je n’étais pas vraiment dans la branche. J’étais en communication alors que je voulais faire de l’illustration et ce n’était pas possible à Strasbourg. Mais j’ai adoré Nantes. J’ai rencontré Dominique A à ce moment-là, avec qui j’ai commencé à faire de la musique. Ensuite on a beaucoup d’amis qui sont partis de Nantes. Moi ça m’a amené à Bruxelles. C’est là qu’on a commencé à rencontrer des gens sur Bruxelles. Mais lui n’aimait pas Bruxelles, donc on est reparti à Cherbourg pendant 2 ans, et revenus à Nantes, en tout j’ai vécu quatre ans à Nantes. J’ai un peu trop d’émotions quand je reviens à Nantes par ce qu’évidemment il y a des gens qui sont partis. Voilà les choses changent très vite. Quand je viens faire des concerts, je ne revois pas tous les amis par ce que c’est toujours trop court. Puis je suis parti de Nantes pour des raisons personnelles. J’ai un drôle de rapport avec cette ville que j’adorais. Je me rappelle, c’est la première fois que je me suis sentie si bien dans un endroit. Je trouvais que c’était très varié au niveau des paysages, déjà dans la ville elle-même, tous ces quartiers très différents. Puis dès qu’on sort, on va à la campagne. Cette diversité, j’aimais beaucoup. Maintenant je suis à Bruxelles c’est très bien aussi. Sauf que je suis un peu trop entouré de béton, la nature me manque un peu. D’où beaucoup de chansons qui parlent de ça. Je ne m’en rendais pas vraiment compte.

Matthieu : […] Et la France ne te manque pas ?

Françoiz Breut : Bien en fait  si. Les tournées c’est pour ça. Le fait de pouvoir des concerts et de voyager comme ça même dans les plus petites villes de France, j’adore. C’est tellement varié ici. Mais bon voilà. Je suis marié un belge. Lui travaille là-bas. Je ne pense pas  qu’il voudra bouger de Bruxelles. Peut-être un jour mais voilà. Au début c’est toujours difficile de s’adapter à un endroit par ce qu’on est loin de  ses amis et puis on s’en fait d’autres. Ça va quand même assez vite. Evidemment il y a plein de choses qui me manquent. Quand on commence à voyager partout, on s’attache à toutes ses parties. Tu vas en Ethiopie à ta dernière tournée. A chaque fois tu rencontres des gens, et tu t’attaches à toutes ses petites parties.

Stéphane Daubersy : Mais toi t’as beaucoup bougé

Françoiz Breut : de villes oui, je ne suis pas allé plus bas que Nantes : J’ai fait Dunkerque, Cherbourg, Caen

Claire : Une dernière question. Comme on est dans une médiathèque, pouvez nous parler l’un et l’autre de vos influences, de coups de cœur littéraires, musicaux, BD. Enfin j’imagine que tu lis beaucoup.

Françoiz Breut : Oui oui je lis beaucoup. Je lis énormément en fait, je me dis toujours que je dois me trimballer avec une liste, parce qu’en fait quand je lis je ne note pas toujours les titres et j’oublie finalement les titres, les auteurs. Je peux juste te dire le dernier livre que j’ai vraiment bien aimé c’est une auteur islandaise qui s’appelle « Avaodur » enfin ça s’appelle « L’Embellie » le titre, et c’est chez, c’est pas La Dilettante l’éditeur, mais je pourrai retrouver le titre [NB il s’agit de « L’Embellie » de Audur Ava Olafsdottir, chez Zulma]. C’est une femme qui voyage dans toute l’Islande avec un petit garçon qui n’est pas le sien. C’est super chouette comme écriture. Et puis en musique, c’est pareil, il y en a des kilomètres de choses qu’on écoute. Par rapport à ce disque ci.

Stéphane Daubersy : On a toujours du mal à répondre à ça. Hier je roulais en voiture. Y’avait la radio qui passait, c’était Radio 21, et t‘avais une émission qui passe des trucs des sixties, et j’adore. Je me suis dit que j’allais me replonger là-dedans. Les Zombies, c’est terrible. Le son est terrible. C’est magnifique

Françoiz Breut : J’écoutais çà quand j’avais 17-18 ans. Y’avais des trucs, du garage c’est super.

Stéphane Daubersy : Même les trucs pop sont super beaux.

Françoiz Breut : Par rapport au disque on a quand même écouté pas mal de truc électronique, pas tant que ça non plus. Les premiers Hot Cheap par exemple, un moment on a beaucoup écouté ça. Dans un autre genre, c’est Devendra Benhart, son dernier disque, non c’est pas Malavita mais un truc comme ça

Stéphane Daubersy : Un truc en A [NB il s’agit de l’album « Mala »]

Françoiz Breut : Moi j’aime bien José Gonzales mais pas forcément les derniers.

Stéphane Daubersy : Un duo, les gens du nord ?

Françoiz Breut: Whitest Boy Alive. Ça c’est un truc qu’on a beaucoup écouté, mais c’était déjà au moment du premier disque.

Stéphane Daubersy : Le Frère et la sœur là…

Françoiz Breut : Ah oui The Knife, ça c’est un groupe norvégien ou suédois, ça on a vachement écouté.

Stéphane Daubersy : Mais bon c’est un peu le retour des synthés et tout ça donc on s’est laissé happé par le mouvement.

Matthieu : Eh bien merci beaucoup

 

 

 

 

Laisser un commentaire